Appeler un chat, un chat.

Non, un téléconseil téléphonique n’est pas une téléconsultation.

Que vient faire une telle injonction en tête d’un site web consacré à la téléconsultation ?
Il ne s’agit pas de susciter la polémique. Cela posé, une négociation tronquée entre l’assurance maladie (CNAM) et les représentants de tous les syndicats médicaux a abouti à la signature de
avenant #6 à la convention médicale, le 14 juin 2018, aberration installant une confusion complète entre le simple conseil dispensé par un médecin au téléphone… et une authentique consultation médicale à distance, intitulée à juste titre « téléconsultation » et seule légitime à porter ce titre.

Il en résulte un préjudice grave à confondre des concepts et des enjeux différents : Il touche d’abord le patient par le caractère incomplet de la prestation dont il est censé bénéficier, le médecin ensuite en dégradant son image et la portée de son geste et, enfin, le financeur des soins en le conduisant à surpayer ce qui n’est pas (toujours) utile et à sous-payer ou à ignorer ce qu’il devrait prendre en charge systématiquement. Certes, durant la vague Covid qui avait induit une stratégie nationale de confinement, le procédé a rendu ponctuellement des services indéniables, mais l’isolement monacal a disparu depuis longtemps. Le « téléconseil », lui, s’est pérennisé, s’est paré d’un titre injustifié et l’usage s’en est totalement dévoyé.

Qu’on en juge : Il est possible en 2024 à un médecin de délivrer par téléphone une ordonnance, voire de prescrire des examens de biologie, un scanner, ou d’autres investigations complexes et coûteuses… et même de signer un arrêt de travail … à un individu qu’il n’a jamais rencontré et qu’il ne rencontrera jamais.

Sans jouer les Cassandre, réduire la prestation du médecin à la phase conversationnelle de la consultation médicale l’expose à perdre à terme toute légitimité. Sur ce seul exercice, ChatGPT et consorts seront rapidement bien meilleurs que lui et plus disponibles, 24/7/52. La place du praticien dans la médecine de premier recours risque de rétrécir comme peau de chagrin avec une médecine de premier recours qui ferait l’impasse sur l’examen physique du patient.

À cela, s’ajoute la question non triviale des honoraires. L’option a été retenue de rémunérer le médecin au même tarif pour une simple conversation de quelques minutes ou pour une téléconsultation médicale comportant un examen clinique complet qui exige plus de temps et implique des coûts structurels plus importants (assistant, matériel, logiciels, connexion internet)… totalement ignorés par l’assurance maladie. Une faute contre l’esprit.

Et, en parlant économie, on se gardera d’oublier la démarche, hautement bénéfique pour le patient et source d’économies substantielles pour la collectivité, où le médecin généraliste peut contacter en séance son collègue spécialiste, obtenant dans l’instant l’éclairage attendu ! En médecine, plus tôt on agit, mieux le patient se porte.

Cette téléconsultation s’affranchit de la distance et compacte le temps.

NON, NON ET NON :
Téléconseil, Téléconsultation, Téléexpertise ne sont pas interchangeables.

Appelons un chat, un chat.

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